Basilique Notre-Dame de Cléry -Cléry Saint André
Proposée par : Michel Cornilleau, Bertrand et Delphine de BoissieuA l'angle de la rue du Maréchal Foch et de la rue Louis XI - 45370
Vers 1280
Cléry entre dans l'histoire vers 1280 : des laboureurs, raconte-t'on, découvrent dans un buisson ou en retournant un champ, une statue de la Vierge Marie tenant l'Enfant-Dieu sur ses genoux. En bois polychrome, elle mesure environ 1 mètre.
Pour la rapporter au curé de la paroisse (Mézières-les-Cléry), ils la chargent sur un attelage mais les bœufs prennent la direction opposée, et s'arrêtent dans une petite clairière proche de la Loire. Voyant là un prodige, on décide alors de construire une petite chapelle là même où les bovidés obstinés se sont arrêtés.
Elle devient une étape incontournable, dédiée à la Vierge Marie, sur le chemin des pèlerins de Compostelle. (Statue de St Jacques, XVIe siècle, visible à l'entrée de la chapelle St Jacques)
Une église plus vaste
Miracles et pèlerins se multiplient et l'édifice primitif se montre vite trop petit. Pour accueillir les pèlerins, Philippe le Bel fait alors construire une collégiale. Achevée vers 1350, des chanoines y assurent les offices.
Il ne reste plus aujourd'hui de cet édifice que la tour carrée qui abrite le clocher, du côté nord. (à gauche, sur la photo)
Guerre de Cent Ans
En 1428, le comte de Salisbury, à la tête des troupes anglaises rase la cité et brûle la collégiale. On raconte alors que c'est à ce forfait qu'il doit de trouver la mort, peu après, lors du siège d'Orléans.
Le 29 avril 1429, passant à Cléry pour se rendre à Orléans, Jeanne d'Arc ne verra que des ruines d'où émerge la grande tour carrée, seule rescapée du massacre anglais.
C'est ce moment historique qu'évoque la célèbre comptine au dauphin Charles : Aujourd'hui, que reste-t-il À ce Dauphin si gentil De tout son beau royaume ? Orléans, Beaugency, Notre-Dame de Cléry, Vendôme, Vendôme.
Charles VII, son fils Louis, et le Comte de Dunois
En 1443, lors de la bataille de Dieppe contre les anglais, le dauphin Louis fait vœu de rebâtir la collégiale de Cléry s’il triomphe.
Le bâtard d’Orléans, son cousin, le célèbre compagnon d’armes de Jeanne d’Arc, pourrait ne pas être étranger à ce vœu.
Le futur Louis XI remporte la victoire et la reconstruction débute dès 1444, soutenue par Charles VII, son père et par le bâtard d’Orléans, qui, devenu Comte de Dunois, s’y fera bâtir une chapelle funéraire.
Devenu roi, Louis XI (1461-1483) poursuit les travaux et donne à l'édifice son style gothique flamboyant. Sa grandeur est le reflet de l'attachement croissant du roi à Notre Dame de Cléry.
Le tombeau de Louis XI
En 1467, après la victoire du roi à Montlhéry à la suite d'un nouveau vœu à Notre Dame, il fait élever la collégiale de Cléry au rang de « Chapelle Royale ».
Et déclare qu'il a "élu sa sépulture en icelle église".
Charles VIII
En 1485, le sanctuaire est achevé par Charles VIII (1483-1498) qui y fait ajouter les deux dernières travées pour lui donner l’ampleur désirée par son père.
Il décide en outre qu'en ce lieu si cher à son père, reposerait son propre cœur.
Dessin de la collégiale en 1699
Encore embellie et agrandie jusqu'en 1520, la collégiale n'est pas épargnée par les guerres de religions : en 1562, les armées du prince de Condé brisent les vitraux, abattent les voutes et la couverture. Le tombeau du roi et la statue de la Vierge sont détruits.
Restaurée sous Henry III et Henry IV, elle n’échappe à la démolition, lors de la Révolution, que grâce à la décision d'y transférer le siège de la paroisse.
La collégiale est restaurée tout au long du XIXe siècle et son intérêt architectural et patrimonial s'affirme. Classée “Monument Historique” en 1840, elle obtient par ailleurs, en 1894 du Pape Léon XIII le titre honorifique de Basilique.
A noter, sur la gauche du sanctuaire le pavillon ou gonfalon, qui est une sorte de parasol rouge et jaune (couleurs du gouvernement pontifical). Il signifie le lien particulier de cette église avec le Pape.
Aujourd'hui
Aujourd'hui la basilique Notre-Dame de Cléry-Saint-André appartient à la province ecclésiastique de Tours, au diocèse d'Orléans dans la zone pastorale d'Orléans et au doyenné de Cléry-Sologne.
La messe est célébrée dans la basilique chaque dimanche matin (en principe à 11h.) et le pèlerinage se déroule chaque 8 septembre et le dimanche suivant.
La Basilique Notre Dame qui s'élève au dessus du bourg de Cléry-Saint-André, date presque entièrement du XVe siècle.
Elle est de style "gothique flamboyant".
Cette appellation vient du fait que l'armature de pierre des vitraux des fenêtres est constituée de dentelles de pierre finement ciselées qui font penser à des flammes.
Au nord, seul vestige du XIVe siècle
Il ne reste de l'édifice du XIVe siècle que la tour carrée. A sa base, une élégante ouverture ogivale aux fines colonnettes.
Dessin de Louis Boudan en 1699 - Détail
La flèche qui couvrait la tour carrée, reconstruite par Charles VIII, visible sur ce dessin de 1699, s'est écroulée en 1710.
Le portail nord
Sous son porche à double baie gothique, les pèlerins venant de la grand'route, pouvaient, aux temps jadis acheter, cierges et chandelles. Mais il n'en reste plus aujourd'hui que les niches et les voussures.
Contre-forts et arc-boutants
Au nord, à l'est et au sud, les contre-forts et les arc-boutants, alternent avec les baies ogivales. Ils donnent à l'édifice son élégance et sa luminosité.
Les murs latéraux sont étayés par une série de contreforts, et le chevet dessine une belle abside. A cette abside s'appuie la chapelle Ste Barbe reconnaissable par sa forme hexagonale.
A observer : les niches à coquilles, corniches de roses, de denticules et de perles.
Au sud, de part et d'autre du portail, plusieurs chapelles font saillie.
Le portail sud.
Façade ouest
Trois portails s'ouvrent sur la façade ouest. Le portail central est encadré de 2 niches à dais dentelés et couronné d'une contre-courbe aux crochets de chou frisé.
Un monument de lumière
Telle apparaît la basilique de Cléry grâce à ces 64 fenêtres disposées sur 2 niveaux. En entrant par l'ouest, on se trouve face à la la statue de Notre Dame. La nef est constituée de sept travées et de deux collatéraux.
La nef et le transept forment une croix latine aux bras peu développés. Le chœur est cerné d'un déambulatoire. Une chapelle et la sacristie donnent sur le déambulatoire. Trois autres chapelles s'ouvrent sur le bas côté sud.
Murs nus et grêles, s'étirant sur près de 78 mètres, soutiennent les les voûtes qui s'élèvent à près de 27 mètres du sol.
Les clefs de voûtes, en arcs d'ogives et doubleaux, portent, au dessus du chœur, les armes de France et de Savoie.
En remontant la nef, près du sixième pilier gauche, se trouve le monument funèbre de Louis XI (voir dans Insolites).
La statue tant vénérée
La petite Vierge à l'Enfant polychrome, tant vénérée, s’élève au dessus du chœur, couronnée d'un fastueux baldaquin de pierre (œuvre moderne).
Il est peu probable que ce soit la statue primitive : si elle présente bien des analogies de geste et d'expression avec les Vierges du XIIe et du XIIIe siècles, il est douteux qu'elle ait pu échapper aux guerres de religions.
Unique vitrail du XVIe siècle
Juste au-dessus de la statue de Notre Dame, dans le chœur, le vitrail représente la Pentecôte. Donné par Henri III vers 1585 et réalisé par François Porcher, maître-verrier, il est le seul vitrail ancien conservé.
Les stalles
Autre vestige des dons royaux : 42 stalles en chêne, portant les initiales entrelacées de Henri II et de Diane de Poitiers. Elles sont réparties entre le sanctuaire et le chœur. Des figures sont sculptées sur leurs miséricordes ou sous leurs accoudoirs.
La plupart grimacent mais trois d'entre elle représentent de beaux visages souriants de femmes.
Sur la gauche du déambulatoire, un autel dédié à Saint André. On l'identifie aisément cet Apôtre, au fait qu'il tient l'instrument de son supplice : une croix en forme de X. La statue date du XVIe siècle.
Baldaquin de pierre vu de derrière, du fond de l'abside.
Après le baldaquin de pierre, la chapelle Ste Barbe s'ouvre sur la gauche (aujourd'hui appelée chapelle St Joseph). De forme hexagonale, elle est typique de l'art de la Renaissance.
Chapelle de Villequier, actuelle sacristie
Contigüe à la chapelle St Joseph, l'actuelle sacristie fût la première chapelle latérale construite, en 1450. André de Villequier, Capitaine des gardes de Charles VII y fut inhumé en 1457.
Au dessus du remarquable décor végétal qui encadre la porte, on peut voir la petite ouverture ouvrant sur le chœur, qui permettait à Louis XI d'assister aux offices sans être vu. (voir dans Insolites)
Chapelle St Jean-Baptiste, actuellement chapelle du St Sacrement
Après le portail sud, la première chapelle du bas côté sud est encore appelée chapelle de Dunois, ou de Longueville car elle abrite les sépultures de Jean de Dunois (le Bâtard d'Orléans), de sa femme Marie d’Harcourt et de leurs descendants. Construite par l'architecte Simon du Val, elle fut achevée entre 1464 et 1468.
La disparité des arcs d’appui, au nombre de trois autour des fenêtres et réduits à deux sur le bas-côté de l’église, fit adopter un système assez curieux de compartiments triangulaires.
(Merci d'avance pour vos photos...)
La communauté paroissiale utilise cette chapelle pour célébrer les messes au cours de la semaine. C'est un lieu de prière et de recueillement.
Chapelle Saint Jacques ou de Pontbriant
Achevée en 1518, cette chapelle fut commandée par Gilles de Pontbriant, doyen de la basilique, pour abriter son tombeau et celui de son frère François, gouverneur des travaux de Chambord.
La clôture en bois date du XVIIe siècle.
C'est un petit édifice mais très richement orné. Les écussons polychromés de France, de Bretagne et de Pontbriant forment les deux clefs de voute, au milieu de losange à claire-voie.
L'escalier
A partir du vœu de Dieppe, la dévotion de Louis XI pour Notre Dame de Cléry s'est affirmée tout au long de son règne. Lors de ses nombreux séjours, il résidait non loin de la collégiale (aujourd'hui l'école privée Jeanne d'Arc), qu'il rejoignait par un passage souterrain.
Des boiseries du XVIIIe siècle cachent l'accès par lequel Louis XI pénétrait dans le sanctuaire mais depuis la sacristie un splendide escalier à noyau évidé mène vers son oratoire privé.
Porte ouvrant sur le logis du roi
Il s'agit d'une petite pièce carrée, chauffée par une belle cheminée...
... et possédant une petite lucarne ouvrant sur le chœur.
Ainsi le roi pouvait-t-il assister à la messe et aux offices sans être vu.
A sa mort
Louis XI fût le premier des Valois à ne pas vouloir être inhumé à Saint Denis. il préféra avoir "sa sépulture en icelle église". Il y repose depuis 1483 et son épouse, Charlotte de Savoie, l'y rejoignit quelques mois plus tard.
C'est dans une petite crypte rectangulaire creusée dans la nef (dernière arcade avant le transept), que reposent leurs restes.
Louis XI lui-même avait choisi que sa statue, en bronze doré, le représenterait à genoux. Elle fut détruite pendant les guerres de religions.
Louis XIII fit faire un nouveau mausolée au sculpteur orléanais Michel Bourdin en 1622. En marbre, plus modeste, il sera à son tour détruit à la Révolution française.
La statue actuelle du roi avec quatre anges, date du XIXe siècle.
L'angélus est une prière, dite trois fois par jour, à 7 heures du matin, à midi, et à 19 heures : les cloches de villages sonnent trois fois trois coups, suivis d'une sonnerie en volée.
L'origine de cette prière remonte au XIe siècle, tout d'abord le matin et le soir.
C'est en 1471 que, sur ordre du roi Louis XI, on sonna l'angélus à midi à Notre Dame de Cléry pour la première fois.
L'année suivante, le roi étendit cette disposition à tout le royaume, et instaura la tradition de l'Angélus telle qu'on la connaît aujourd'hui.
Les cloches appellent ainsi les chrétiens à une prière tissée de trois "Je vous salue marie" et dont les premiers mots sont : Angelus Domini ("L'Ange du Seigneur")... Chacun alors, cesse son activité pour se tourner vers l'église ou le calvaire le plus proche et récite brièvement la prière pour remercier la Vierge d'avoir enfanté le Seigneur.
D'un style élégant de la fin du XVe siècle, contemporaine de la chapelle des Dunois, l'ancienne sacristie abrite... la modernité des médias !
Vous pourrez y découvrir le film "BASILICA", diffusé en continu. Tourné avec l'aide de drones, ce film de 5 minutes, dévoile les lieux inaccessibles de l'édifice.
La production de ce film par l’Office de Tourisme des Terres du Val de Loire a bénéficié du soutien financier de l’Union Européenne, à travers son Fond Européen Agricole pour le Développement Rural.