Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes
Proposée par : Victor Raffour7 Impasse Saint-Laurent - 44000
Un site chargé d'histoire
Le site aurait été initialement occupé par un temple druidique dédié à Janus.
Par la suite, trois édifices religieux chrétiens ont précédé l'actuelle cathédrale sur les mêmes lieux :
- une basilique bâtie au IVe siècle ;
- une première cathédrale, bâtie au VIe siècle ;
- une deuxième cathédrale romane, bâtie au XIe siècle.
Saint-Clair et la première église
Une tradition légendaire fait remonter au IIIe siècle l'arrivée de saint Clair, premier évêque de la ville, venu de Rome en possession d’un clou qu'il affirme provenir de la croix qui supporta le martyre de saint Pierre. Il aurait fait édifier une chapelle pour abriter la relique qu’il dédie à saint Pierre et saint Paul.
Mais c'est au IVe siècle qu'une première véritable église est implantée, là où les futurs bâtiments de la cathédrale se succèderont.
Elle durera jusqu'au VIe siècle, où le besoin d'accueillir des fidèles plus nombreux poussera à l'établissement d'une première véritable cathédrale.
La première cathédrale
La construction de la première cathédrale débute au VIe siècle, à l’initiative des évêques Evhemerius puis Félix Ier. Elle est consacrée en 567 ou 568.
Les documents historiques et diverses fouilles attestent de la richesse et de la magnificence de cette église, ce qui en fit sans doute une cible de choix pour les Normands au cours des IXe et Xe siècles. Elle fut plusieurs fois pillée et incendiée. Tableau ci-dessus d'Édouard Jolin représentant l'assassinat de Saint Gohard par les Vikings dans la Cathédrale de Nantes en 843. (à voir dans la chapelle de St Gohard.)
La cathédrale romane
Il faut attendre la fin du XIe siècle pour que l'édifice soit reconstruit, à l'initiative du duc Guérec. De cette époque daterait le noyau de la crypte médiévale.
Il y a peu de détails sur cet édifice si ce n’est le chœur du XIIe siècle qui subsista jusqu’au XIXe siècle. Les statues du clocher et quelques chapiteaux sont actuellement conservés au musée départemental Dobrée.
La cathédrale actuelle
La construction de l’édifice actuel est initialement conduite par Guillaume de Dammartin, sous l'impulsion du duc de Bretagne Jean V et de l’évêque Jean de Malestroit, qui posent la première pierre le 14 avril 1434.
Le milieu du XVe siècle est en effet une période propice au lancement de tels projets, la Bretagne ayant retrouvé une prospérité commerciale suffisante grâce à une politique diplomatique opportuniste et habile qui lui permet de rester relativement à l’écart des conflits entre les royaumes de France et d’Angleterre.
Le portail central qui orne la façade est achevé en 1481, pour les grand-messes. Henri IV la franchira en 1598, lors de son passage à Nantes pour y signer l’Édit de Tolérance.
Si la façade est achevée dès la fin du XVe siècle, les tours ne le sont qu'en 1508 ; la nef et les collatéraux le sont également au début du XVIe siècle, mais la voûte gothique de la nef, le bras sud du transept et les arcs-boutants sont terminés au XVIIe siècle.
Sous la Révolution et l'Empire
Sous la Révolution, la cathédrale est utilisée comme poste d'observation militaire lors du siège de Nantes en 1793. Une tour de bois de 10 mètres de hauteur est construite sur la tour sud, et la surveillance est assurée au moyen d'un télescope. Les décisions militaires sont prises en fonction des renseignements ainsi obtenus.
Dans cette période, elle est transformée en arsenal et en écurie, puis un arrêté départemental de 1794 la consacre officiellement à la célébration des fêtes publiques.
Achèvement
La démolition des murailles à l'est de la ville permit l'achèvement de la cathédrale au XIXe siècle: le bras nord du transept et le chevet sont entrepris en 1840, le vieux chœur roman est abattu à partir de 1876 et l'ancienne tour de la croisée du transept en 1886.
Après 457 années de travaux, la cathédrale est enfin inaugurée le 25 décembre 1891 par Mgr Le Coq.
XXe siècle : de nouvelles péripéties
Les violents bombardements du 15 juin 1944 conduisent à de gros travaux de restauration.
Ceux-ci sont presque achevés lorsque, le 28 janvier 1972, se déclenche dans les combles un gigantesque incendie (dû à un chalumeau qu’un ouvrier a malencontreusement oublié d’éteindre) qui embrase la toiture. Les pompiers parviennent à maîtriser le sinistre, mais la charpente est largement détruite, et de nombreux autres dommages sont à déplorer.
À la suite de ce sinistre, auquel il ne faut pas oublier d'ajouter les dégradations dues à la pollution urbaine, des travaux sont entrepris. Ceux-ci constituent sans doute la restauration intérieure et extérieure la plus complète d'une cathédrale en France. Ainsi, on profite des travaux pour reconstituer le décor de la façade ouest, telle que celle-ci se présentait à l'origine au XVe siècle
La façade principale de la cathédrale de Nantes s'offre aux regards lumineuse dans son style gothique flamboyant et l'extraordinaire subtilité de ses détails.
Elle est encadrée de deux tours assez massives, au sommet en terrasse.
Elle est organisée en cinq portails aux voussures richement décorées, trois centraux et deux latéraux.
Les portails sont respectivement dédiés, du nord au sud :
- latéral nord, aux Enfants nantais les martyrs Donatien et Rogatien,
- à saint Pierre,
- au centre, le Jugement Dernier,
- à saint Paul
- latéral sud, à saint Yves.
Les sculptures des voussures ont une fonction historiographique, en fonction du personnage auquel le portail est dédié.
Le portail central
Le portail central reprend le thème du jugement dernier.
Le Jugement dernier représenté sur les voussures par la suite de figures des damnés, des morts et des élus en adoration.
Le portail Saint Pierre
A gauche le portail Saint Pierre présente des scènes de baptême et de prêche du Saint.
le portail Saint Paul
A droite, le portail Saint Paul présente des scènes de son martyr par décapitation.
La chaire à prêcher
Jouxtant le portail Saint Paul se trouve une Chaire à Prêcher extérieure, prévue pour prêcher aux foules assemblées sur la place.
Le portail Saints Donatien et Rogatien.
Sur le côté nord, voici le portail dédié aux Enfants martyrs nantais Donatien et Rogatien.
Martyrisés au IVe, ils sont les premiers chrétiens connus et de fait patrons de la ville et du diocèse. Ils furent soumis aux tortures du chevalet, passèrent leur dernière nuit à prier ensemble et eurent la tête tranchée au matin de leur vie et c’est ainsi qu’ils entrèrent dans la gloire céleste.
Le portail Saint Yves.
Enfin sur le côté sud, à droite, le portail dédié à Saint Yves.
Yves Hélory de Kermartin était le fils d’un chevalier breton. Juge, il assume ses fonctions dans un esprit de conciliation et de justice et, gratuitement, se fait le conseiller ou le défenseur des plaideurs démunis, Il s’adonne aussi à la prédication, souvent dans plusieurs paroisses le même jour, et à l’assistance spirituelle.
A sa mort, le 19 mai 1303, son tombeau ne tarda pas à devenir un véritable centre de pèlerinage. Il n’est guère de paroisse en Bretagne où le culte de saint Yves ne soit rappelé par une statue ou un vitrail.
St Yves est le patron des juristes, des magistrats et des avocats.
A l'aide de ce plan et de sa légende, le visiteur pourra se situer facilement :
1- façade occidentale, portail du Jugement Dernier 2- portail St Paul 3- portail St Yves
6- Chapelle de Saint-Martin de Vertou 7- Chapelle Saint-Félix 8- Chapelle Saints Donatien et Rogatien 9- Chapelle Saint Clair
11- Le Transept Sud avec le tombeau de François II 12- Chapelle ND de Pitié
14- choeur 15- Chapelle Saint-Vincent de Paul 16- Chapelle de Sainte-Anne 17- Chapelle de la Vierge 18- Chapelle Saint-Joseph 19- Chapelle Saint-Louis
20- Chapelle de Saint-Yves 21- Chapelle du Sacré-Coeur
24- Le Transept Nord avec le cénotaphe de Lamoricière
26- Chapelle de Saint-Jean-Baptiste 27- Chapelle Bienheureuse Françoise d’Amboise 28- Chapelle Saint-Gohard 29- Chapelle des Fonds Baptismaux
32- portail des Saints Donatien et Rogatien 33- portail de St Pierre
Vue d'ensemble
“Passés les portails d’entrée, le visiteur qui se place sous la tribune d’orgue pour admirer la perspective de la nef et du choeur, est subjugué par l’équilibre et la pureté des lignes architecturales, encore embellies par la luminosité exceptionnelle du lieu” (citation de Hervé Chouinard, architecte en chef des Monuments historiques”)
La longueur intérieure est de 103 mètres (Notre-Dame de Paris : 130 mètres) ;
La hauteur de la nef sous voûtes : 37,5 mètres (Notre-Dame de Paris : 33 mètres).
Elevations de la nef
Les élévations de la nef présentent trois niveaux, celui de grandes arcades ouvrant sur les bas-côtés, celui du triforium et celui des baies hautes.
Le transept sud
On peut y admirer le tombeau et les gisants du duc François II de Bretagne et de son épouse Marguerite de Foix (parents d'Anne de Bretagne) considéré comme un chef-d'œuvre de la sculpture française. Il est l'oeuvre de Michel Colombe et Jean Perréal.
Ce tombeau de marbre, que Michel Colombe a mis cinq ans à réaliser (1502-1507), est décoré des douze apôtres et de quatre femmes qui représentent la force, la prudence, la tempérance, et la justice.
La grande verrière
La grande verrière située dans le transept sud, au-dessus du tombeau de François II est la plus grande verrière de France.
Mesurant 25 m de haut sur 5 m de large, a été réalisée en 1959 par François Chapuis (1928) et exécutée par les ateliers Razin de Nantes. La Vierge Marie avec l'enfant Jésus se trouvent au centre. Autour d'eux tous les personnages (évêques, saints, martyrs) sont liés à la Bretagne.
Le transept Nord
Le transept gauche, abrite le cénotaphe du général de Lamoricière, monument érigé en 1878 en hommage papal aux services rendus par cet enfant du pays nantais.
Le général Christophe Juchault de Lamoricière, né à Nantes en 1806, mort en 1865, fut l’un des conquérants de l’Algérie; il reçut, en 1847, la soumission d’Abd el-Kader. Banni pour son opposition au Second Empire, il devint le serviteur de la Papauté, défendant sa puissance temporelle lors de la création de l’unité italienne.
Les statues des angles représentent les vertus du défunt : la Force (un guerrier), la Foi (une jeune fille en prière), la Charité (une femme allaitant) et la Sagesse (un vieillard).
Le choeur
Voici le choeur vers où convergent tous les regards.
Une rénovation complète, due aux architectes Duthilleul et Ferré, a été effectuée en 2013.
L'abside
les vitraux
Et dans l'abside, tout à l'Orient, l'autel majeur, support glorieux de la grande Croix dorée du Christ mort et ressuscité.
La chapelle axiale
Pour parcourir le déambulatoire, et ensuite les bas côtés de la nef, on se réfèrera au plan (page précédente) afin de reconnaître chacune des chapelles.
On s'arrêtera simplement ici au centre du déambulatoire, devant la chapelle axiale, dédiée à Notre Dame.
De plus, à cet endroit, on jouit d’une vue saisissante sur les voûtes et les clés de voûtes de la grande nef.
Le Grand Orgue
L’orgue à l’origine de l’instrument actuel est l’œuvre de Jacques Girardet, et date de 1619. Il est refait à neuf en 1784 et est alors doté de 49 jeux, répartis sur 5 claviers manuels et un pédalier.
Il est le témoin des vicissitudes traversées par la cathédrale au long de ces derniers siècles:
À la Révolution française, l'organiste Denis Joubert le sauve de la vente ou de la destruction en le faisant participer aux fêtes révolutionnaires qui se déroulent à la cathédrale.
Le 15 juin 1944, l’orgue subit des dégâts à la suite d’un violent bombardement sur Nantes. Un dommage de guerre affecté à l’instrument permet d’envisager une restauration. Le nombre de jeux est alors porté à 74.
Enfin, lors de l'incendie qui se produit en 1972, Joseph Beuchet, alors à la tête de la manufacture, et ses ouvriers risquent leur vie pour bâcher l'instrument afin d'éviter des dégâts trop importants : cette opération permit d'abriter l'instrument de l'eau des pompiers qui, si elle s'était introduite dans les tuyaux, aurait rendu l'orgue hors d'usage.
La cathédrale comporte deux cryptes :
La crypte romane du XIe siècle datant de l’époque de la deuxième cathédrale. Dotée de piliers, elle dévoile les origines de l’architecture romane.
Des objets de culte y sont exposés : ciboires, calices, encensoirs. On peut y voir la crosse de Mgr Fournier, évêque de Nantes de 1870 à 1877, réalisée par François Evellin en 1870, et classée en 1982 au titre objet des monuments historiques.
La crypte des évêques où se trouve les tombeaux des évêques de Nantes.
Plus bas, quatre salles ouvertes au XIXe siècle retracent l’histoire de la cathédrale.