Eglise Saint Pierre – Brancion
Proposée par : Nathalie Halter, Lumières, François Hancerue de l'église - 71700
Les origines
Une première église Saint-Pierre est mentionnée dans une charte de l'Abbaye de Cluny dès 964. L'église actuelle a été reconstruite au XIIe siècle à l'emplacement de l'ancien sanctuaire qui devait avoir une importante fonction funéraire. De nombreuses tombes furent découvertes lors de fouilles, dont plusieurs mérovingiennes.
L'église était entourée d’une nécropole médiévale plus vaste que le cimetière actuel qui l'entoure (Le parvis devant l'église faisait partie du cimetière).
Le XIIIe siècle
L'intérieur de l'église est ornée de peintures murales datées du XIIIe siècle, représentant en particulier la nativité, la résurrection des morts...
Josserand IV de Brancion
L'église possède un gisant de Josserand IV de Brancion décédé en 1250 lors de la septième croisade à la bataille de Mansourah (Égypte). Il avait accompagné Saint Louis. La pierre sculptée du XIIe siècle provient de la chapelle du château d'Uxelles détruite vers 1805.
XIXe et XXe siècle
Église classée aux M.H en 1862
En 1909, l'église était à l'abandon, des travaux sur la couverture permirent de protéger les décors. Dans l'abside, les baies d'origine, qui avaient été obstruées au XIVe siècle furent rétablies et celle ouverte à la même époque furent rebouchées. Les murs furent nettoyés de leurs badigeons.
A la fin des années 1930, les peintures murales furent restaurées. Les dessins les plus abîmés furent transposés sur toile. Une nouvelle restauration eut lieu dans les années 1960.
Les vitraux ont été réalisés en 2003 en reprenant le principe des plaques d'albâtre translucides du moyen-age.
Le XXIe siècle
Le projet de restauration de la Mairie avec la Fondation du Patrimoine par souscription en 2014
Après d’importants travaux réalisés entre 2001 et 2003 (toiture du transept, purge des joints ciments remplacés par des joints à la chaux), nous devons aujourd’hui restaurer au plus vite la toiture en laves du bas-côté nord, dont l’absence d’étanchéité met en péril plusieurs peintures murales. Ces travaux sont le préalable indispensable au sauvetage des peintures murales que l’humidité ambiante et les fuites dégradent d’année en année. La municipalité a donc décidé de lancer, en partenariat avec la Fondation du Patrimoine, une souscription publique en 2014.
L’extérieur est d’une grande sobriété avec un transept légèrement saillant, un clocher peu élevé, une abside et deux absidioles.
L'église est édifiée en pierre de taille assemblée en appareil irrégulier et est recouverte de lauzes.
Le clocher
La croisée du transept est surmontée d’un clocher carré qui est sur une coupole à trompes, percé au dernier étage sur chaque face d'une baie cintrée et abritant une cloche de 265 kg fondue par Paccard (Annecy) en 1963.
Le chevet
Elle possède un beau chevet roman constitué d'une abside et de deux absidioles semi-circulaires rythmées par des pilastres plats. L'abside est percée de trois fenêtres cintrées.
La façade
La façade : trois petites fenêtres en plein cintre et un pignon qui s'élève au-dessus de la toiture en laves.
Le portail est surmonté d’un arc brisé.
La nef
La nef, à cinq travées est voûtée en berceau brisé, les collatéraux sont étroits, à voûtement non uniforme.
Un des intérêts majeurs de l’église réside dans les peintures à la détrempe qui la décorent. Exécutées à la fin du premier quart du XIVème siècle, leur état de conservation est malheureusement un peu lacunaire.
Le chœur
Le gisant de Josserand IV de Brancion
L'église possède un gisant de Josserand IV de Brancion décédé en 1250 lors de la septième croisade à la bataille de Mansourah (Égypte) où il avait tenu à accompagner Saint Louis. Il est visible dans le bas-côté nord. Cette pierre sculptée du XIIIe siècle, provient de la chapelle du château d'Uxelles (ancien fief de Brancion), détruite vers 1805.
Il est représenté en chevalier couché, revêtu d'un « sarrau d'armes » recouvrant une cotte de mailles serré par un ceinturon où est attachée une épée ; le gisant à les mains jointes sur la poitrine et un chien est couché à ses pieds, tandis que, de chaque côté de la tête, deux anges sont agenouillés.
Les peintures murales
Les peintures murales datent du XIVe siècle (1325-1330). Il s'agit de peintures à la détrempe. La peinture était appliquée à sec. Les pigments picturaux sont liés entre eux et à la préparation ou enduit du mur par un produit collant en solution aqueuse ou en émulsion comme de la résine, de la colle animale, de l'huile.
Dans le chœur
À l’abside du chœur trône le Christ en Majesté, dans une mandorle quadrilobée, le livre à la main, entouré des quatre symboles des Évangélistes et de deux séraphins.
Le Christ surmonte une rangée de six apôtres (dont saint Pierre et saint Paul) et d’anges sous des arcades romanes.
Trois apôtres à gauche de la baie avec saint Pierre reconnaissable à la clé symbolique remise par le Christ instituant l’Eglise qui lie et délie les péchés.
Trois apôtres à droite de la baie avec saint Paul, qui est souvent intégré aux apôtres, avec son attribut, l’épée de son martyre.
L’apôtre et évangéliste saint Matthieu.
Absidiole sud
Dans l’absidiole sud, la chapelle de droite nous montre, à gauche, l’arrivée de six pèlerins au Saint-Sépulcre. À droite, des femmes coiffées d’un voile court et des hommes d’un bonnet pointu écoutent un lecteur.
Les pèlerins et la statue de saint Paul à la croisée du transept.
Absidiole nord
Dans l’absidiole nord, à droite, sur la voûte : le Christ tenant le Livre et la Vierge couronnée (qui n’est plus visible), entourés d’anges. Cette scène, accompagnée d’une Crucifixion, est surmontée d’une représentation de l’Enfer et de celle du Paradis. Statue de sainte Anne et Marie.
En bas, la peinture murale représente une scène de la Nativité : au-dessus de la Vierge couchée, se tient l’Enfant emmailloté. Statue de saint Pierre, saint patron de l’église, à la croisée du transept.
Nativité
Au sommet de la voûte, l’Agneau, inscrit dans un médaillon, avec sa croix et son étendard, symbolise la Passion et la victoire du Christ sur la mort.
La Résurrection des morts est la scène la mieux conservée : les justes se lèvent de leurs tombeaux lors du jugement dernier.
Le mur nord
Sur le mur nord, à la 3e travée, les fonts baptismaux sont ornés des funérailles d’une abbesse. À droite, un prêtre bénit le corps de la défunte ; au centre, trois assistants, tenant l’un la croix, l’autre un encensoir, le troisième, le bénitier et l’aspersoir. À gauche, un prêtre lit les Evangiles, quatre moniales se trouvent derrière lui.
Dans la peinture murale du haut, le paradis est représenté par Abraham qui porte les âmes dans sa tunique. Dans l’ancienne tradition juive, c’est dans le « sein d’Abraham » qu’étaient reçus les justes après la mort. La paternité universelle du patriarche est soulignée par le large écartement de ses bras.
Sur le mur nord, à la 5e travée, au-dessus du gisant de Josserand II, Abraham assis tient les coins de sa tunique, enfermant en son sein les âmes des justes. À gauche, un ange tient les coins d’une nappe dans laquelle il apporte l’âme du défunt. En bas est représenté un défunt, un chapelet placé sur sa cheville droite.
Les plus anciennes reproductions connues de ces peintures murales furent réalisées entre 1840 et 1850 par Marcel Canat de Chizy, puis en 1949 à l’aquarelle par Melle Baillon de Wailly, comme ce séraphin (relevé n° inv.19.888). La vision d’Isaïe (6, 1-7) décrit ainsi les séraphins: Dans l’année où mourut le roi Ozias, moi, cependant, je vis le Seigneur, siégeant sur un trône haut et élevé, et les pans de son vêtement remplissaient le temple. Des séraphins se tenaient au-dessus de lui. Chacun avait six ailes. Avec deux il tenait sa face couverte, et avec deux il tenait ses pieds couverts, et avec deux il volait (…)
Cuve baptismale d’époque romane.
Les vitraux
Les vitraux ont été réalisés en 2003 en reprenant le principe des plaques d'albâtre translucides du moyen-age.
Vue panoramique en sortant de l’église
Le château de Brancion et son village
Le château de Brancion et son village qui garde son caractère médiéval fermé par une enceinte. Il faut franchir la porte fortifiée pour y pénétrer. Des halles du XVe au centre présentent une très belle charpente. On peut découvrir de belles maisons au hasard de la promenade dans les ruelles récemment réaménagées. Le château est ouvert à la visite. Il conserve un ancien donjon du XIIe rénové qui permet un beau tour d’horizon.