Église Sainte-Croix-en-son-Exaltation-Bailly-le-Fr
Proposée par : Lorène Vautierrue du pont - 10330
XVI° siècle
L'existence de Bailly-le-Franc est attestée depuis 1152.
Au Moyen-âge le fief de Bailly relevait de Rosnay mais l'église était une 'fille' de Joncreuil.
L'Eglise Exaltation de Sainte Croix serait de la fin du 16ème siècle. Aucune certitude n’existe sur la date de construction de cette église homogène, qui ne peut être déterminée qu’en référence à celle de Lentilles, pour laquelle la première moitié du XVIe siècle a été proposée. L’aménagement moins soigné de Bailly et notamment l’absence de mouluration des pièces de bois peuvent faire retenir le milieu ou la seconde moitié du XVIe siècle, époques de moindre prospérité.
Cette église témoigne du succès rencontré au XVIe siècle par un système architectural fondé sur les valeurs d’élancement et de verticalité.
Elle administre aussi la preuve que de remarquables édifices en bois ont pu être élevés jusque dans des paroisses de bien peu d’habitants. La faiblesse de la population peut, à elle seule, expliquer la rusticité, d’ailleurs toute relative, de l’édifice.
On peut considérer cet édifice comme l'unique exemple encore existant d'église en pans de bois bâtie d'une seule traite et n'ayant jamais connu de transformation majeure.
La restauration récente et l'élimination du crépi soulignent toute l'élégante complexité de la construction, des jeux d'assemblages de bois remarquables.
L’église de Bailly-le-Franc est un édifice de plan basilical et de dimensions moyennes (longueur 15,45m largeur 12,50m).
Sa nef a collatéraux de quatre travées précède un chœur à cinq pans, flanqué d’une sacristie bien intégrée à la construction puisque située dans le prolongement du bas-côté Sud.
L’élévation est d’un type connu : un étage inférieur, formé par des collatéraux couverts d’une charpente en appentis rejoignant celle du porche, semble porter le haut vaisseau central coiffé d’une toiture à pente rapide et terminé par un pignon aigu.
Une flèche pointue, montée sur la troisième travée de nef, surmonte l’édifice.
l'auvent
Sur la façade occidental un auvent de grande taille permettait les échanges entre paroissiens avant ou après les offices. Il abrite une échelle de bois vertigineuse qui comme un accès direct aux combles.
Ne vous y risquez pas, en haut la porte est fermée.
Arrêtez vous un instant, regardez le travail du bois. D'une grande simplicité il est d'une grande beauté.
L'ensemble
L'intérieur a été nettoyé et repeint récemment, avec beaucoup de délicatesse et dans la sobriété respectant le charme simple et la fraîcheur de l’église.
On retrouve bien sur les dispositions qu’impliquait l’allure extérieure : bas-côtés terminés par un mur plat au niveau de l’entrée du chœur ; nef centrale éclairée par une rangée de hautes-fenêtres ; abside à cinq pans coupés.
La nef
L’architecture est d’une grande simplicité.
La nef centrale est bordée de forts poteaux verticaux qui reçoivent les entraits des bas-côtés et les entretoises des hauts murs latéraux, la plus basse de celle-ci déterminant avec eux les arcades séparant les trois vaisseaux.
Les structures en bois
Dans leur partie supérieure, ces poteaux d’ossature portent, à l’aide de jambes de force doubles, les entraits de la charpente. Comme de règle dans les églises à trois nefs, un plafond, ici continu et découvrant les entraits, surmonte l’ensemble du vaisseau.
L’aménagement intérieur sobre est sans doute fidèle au décor primitif de ces édifices. Seulement équarries, les pièces de structure se présentent sans mouluration, ni habillage. Les espaces muraux sont recouverts d’un simple enduit blanc qui ne laisse apparents que quelques poutres horizontales ou obliques.
Le chœur
Seul le chœur, ennobli par un grand autel-retable du début du XIXe siècle, a été revêtu, jusqu’au bas des fenêtres, de boiseries à panneaux rectangulaires.
Cet aspect d’ensemble classique a été respecté avec beaucoup de sagesse par la récente restauration qui a préservé la qualité d’intimité qui caractérise ce sanctuaire.
La faible luminosité provient de baies carrées ou rectangulaires situées en haut des murs de la nef, sur les parois latérales inférieures ainsi que sur trois pans du chœur.
Les vitraux
détail d'un vitrail
Vitrail du XVIe siècle (bas côté sud), représentant une pieta. Ce vitrail marque bien le passage du vitrail gothique, verre teinté dans la masse, au vitrail Renaissance qui privilégiera le verre peint et/ou émaillé.
On retrouve ici dans les couleurs sombres (bleu rouge vert) le travail traditionnel de "grisaille", pour modeler les formes, les décors, les reliefs. Dans la partie blanche, on trouve une peinture en grisaille et en jaune d'or (il faut noter que le jaune n'est pas teint dans la masse) qui s'approche de l'esthétique de tableaux. Il faut notamment souligner le très beau travail de dégradé dans cette grisaille (ombre sous le bras, dessin du torse) clairement dans la logique de l'école troyenne, très réaliste voire "vériste". Et puis il faut noter aussi cet accident, le plomb de casse qui recolle le visage du Christ. Je n'ai pas pu m'approcher assez pour voir si cet accident datait du montage du vitrail ou d'une réparation ultérieure. Il est à tout le moins un symbole émouvant de cette fragilité du vitrail, et de la manière accidentée dont il traverse le temps. (sources : Tongeron91 - Flickr- merci)