EgliseSaint Féréol et Saint Ferjeux – Champagne
Proposée par :Route du Champ Blanc - 39600
XIXe ?
Champagne dépendait jusqu’en 1826 de la paroisse voisine de Liesle Il n’y avait alors qu’une simple chapelle dans le village. Alphonse Rousset dans son Dictionnaire géographie, historique et statistique des Communes de Franche-Comté ne cite pas la date d’édification de l’église.
plutôt XVIIIe
À en observer les caractéristiques, elle semble pourtant antérieure à ce début du XIXe siècle mais paraît dater du XVIIIe siècle (autour des années 1760 (?)); comme souvent à cette époque les éléments décoratifs de l’architecture en stuc se reconnaissent sur les arcs doubleaux qui rythment les travées de la nef.
• Leur berceau est orné de caissons ayant en leur centre une rosace, peut être autrefois polychrome mais restituée de nos jours sous un badigeon blanc. L’histoire de l’édifice serait à creuser.
L’auvent moderne (et anachronique) qui a été ajouté sur la façade du clocher porche masque une pierre d’origine ou de réemploi (?) qui, d’après ce que nous avions vu fait référence à une citation contemporaine de la Révolution Française (ce qui confirme que l’église est antérieure au XIXe siècle).
mais pas plus tard...
Car elle figure sur la carte de Cassini, qui date du XVIIIe siècle,, comme une petite chapelle alors qu'à Liesle , l'église mère semble être une 'cathédrale'!
Sous l'auvent...
L’auvent moderne (et anachronique) qui a été ajouté sur la façade du clocher porche masque une pierre d’origine ou de réemploi (?) qui, d’après ce que nous avions vu fait référence à une citation contemporaine de la Révolution Française (ce qui confirme que l’église est antérieure au XIXe siècle).
Le plan
L’église présente un plan en halle (nef unique, sans transept) avec un clocher porche selon un principe simple, qui fait référence aux plans de l’architecte Anatole Amaudru de la seconde moitié du XVIIIe siècle.
Un emplacement de choix
Légèrement surélevée au croisement des deux rues principales du village l'Eglise Saint Férréol et saint Ferjeux est au cœur du village.
Le Retable du maitre autel
Il date sans doute du 3e tiers du XVIIIe siècle, remanié au XIXe siècle et repeint d’une couche de peinture brune hors les dorures.
Cette mode du "retable chocolat" a particulièrement sévi en Franche-Comté. Il est ensuite quasiment impossible de retrouver les couleurs véritables du retable, certainement peint façon faux marbre à l’origine.
En trois parties
Le retable est composé de trois parties assemblées :
• La partie centrale et les 2 ailes en retour. • La partie centrale s’encastre parfaitement dans l’espace du choeur, pan central et voutain dans lequel vient se loger la Gloire. • L’architecture du retable coïncide avec la structure architecturale du choeur. En effet les deux colonnes cannelées aux chapiteaux composites (juxtaposition de l’ordre ionique et corinthien) semblent se prolonger par les arcs des voussures du choeur. Rousset écrit que le retable du sanctuaire est assez beau. Le retable est élégant dans ses lignes générales, sa légèreté et la finesse de ses motifs décoratifs.
Le décor
Le décor en dorure de certains éléments du retable est d’inspiration végétale : Frises feuillagées, Guirlandes florales, Rinceaux sur les côtés des ailes (tige feuillagée en enroulement)
On rencontre aussi le motif des trophées, fréquents dans les dernières décennies du XVIIIe siècle- sous la forme ici d’accessoires ou symboles du culte, retenus ensemble par un ruban de style Marie-Antoinette.
Les deux saints
Ces motifs apparaissent sur les panneaux plats, présents sous les statues des deux saints : trophées liés à la symbolique du religieux avec un ostensoir, une crosse abbatiale une crosse épiscopale…
Un intérêt certain réside dans les deux statues d’origine : les deux frères et diacres Ferjeux et Ferréol, saints patrons de Besançon.
Les deux statues en bois sont du XVIIIe siècle. Un badigeon blanc uniformise chaque statue, visage compris, alors qu’elles devaient être polychromes.
Elles sont empreintes toutes deux d’une recherche de mouvement naturel et expressif. Le jeu des regards entre les statues est assez intéressant : l’une d’elles (saint Ferréol (?) ou saint Ferjeux (?) regarde son pendant qui, lui-même, regarde vers le point central du retable.
• Qu’y avait-il de peint sur
La corniche
Au-dessus de l’architrave horizontale [bandeau non travaillé qui surmonte les chapiteaux des colonnes et des pilastres] se trouvent la frise à denticules, surmontée d’une corniche discrète.
Les cieux
La gloire (partie du retable qui représente les cieux : nuages et têtes de putti) qui comme l’ensemble est habilement sculptée.
La représentation de la voute céleste est circonscrite dans des motifs de volutes et contre-volutes formant un cartouche végétal. Les nuées, où putti et rayons divins s’entremêlent, sont habilement sculptées et concourent à l’impression d'animation.
Les consoles
Au registre inférieur au niveau des boiseries, 2 consoles trapézoïdales permettaient à l’officiant de poser quelques objets nécessaires au culte.
Les transformations / l'autel
Les modifications intervenues sur l’intégrité du retable apparaissent à plusieurs niveaux :
− La disposition du retable a évolué depuis sa mise en place. L’autel était autrefois adossé contre le retable et surmonté de gradins d’autel, leur garniture (6 chandeliers) et du tabernacle. Lorsque le rite catholique s’est assoupli et que l’officiant a cessé de tourner le dos aux fidèles pour dire la messe, les autels sont devenus "à la romaine". − L’autel de l’église de Champagne de même époque et même facture que le reste du retable a été sorti de son emplacement primitif et avancé afin que le prêtre puisse tourner autour et regarder l’assistance. De fait un panneau moderne sans ornementation a été placé sur le devant du retable
Les transformations / Le tabernacle
− Le tabernacle d’origine a été remplacé, peut-être était-il en mauvais état (?). À sa place a été disposé un tabernacle du milieu du XIXe siècle, de style néo-gothique (pinacle de chaque côté du toit en triangle).
Le Christ au sacré cœur
− La partie centrale du retable a été modifiée également : une statue du Christ du Sacré Coeur (milieu du XIXe siècle, plâtre (?)) a été placée sur une console en pierre un peu lourde esthétiquement du milieu du XIXe siècle. Le Sacré Coeur est une dévotion ranimée au XIXe siècle. Instituée par le pape Clément XIII en 1765 elle fut étendue à toute l’église catholique par le pape Pie IX en 1856.
Le christ hiératique
− Le Christ hiératique au canon allongé est à l’opposé des images de dévotion issue de la Contre-Réforme qui reposent sur une imagerie plus expressive. Derrière cette statue, le panneau arrière a été peint façon trompe l’oeil d’un drapé qui semble cloué au mur. Ce décor rouge sombre est peint au pochoir à la façon des décors néo-gothiques des églises en France entre 1830 et 1860. −
La statue du XVIe siècle en pierre de la Vierge à l’Enfant
Cette statue est classée au titre des Monuments Historiques depuis le 27/10/1975.
La Vierge a perdu son bras droit et l’Enfant Jésus son bras gauche
La statue est intéressante par le travail des drapés en plis bourguignons et par la monumentalité de sa silhouette.
Le traitement
Le visage marial a un modelé assez lisse et ne présente que des traits essentiels dans un modelé presqu’estompé du visage. La même remarque peut être faite à propos de l’Enfant Jésus. Le drapé de sa tunique est curieux avec ses longs plis structurés et tubulaires qui s’assouplissent à leur extrémité. En revanche le visage est assez schématique et "usé" comme si la pierre de son visage avait été burinée par le temps ou les intempéries. La statue a-t-elle séjournée à l’extérieur pendant une période ?
L'Enfant Jesus
On peut remarquer que la position de l’Enfant Jésus est très haute sur l’épaule de la Vierge avec une forte différence d’échelle entre l’Enfant et sa mère.
XVIe ? XVe ?
Pour Sylvie de Vesvrotte , Conservateur délégué aux antiquités et objets d'art du Jura, , cette belle vierge à l'enfant n'est pas du premier quart du XVIe siècle comme cela est écrit dans l’arrêté d’inscription mais plutôt vers la fin du XVe siècle.
En tous les cas il s’agit vraiment d’une belle statue avec une attitude non statique et naturaliste de la Vierge et un travail raffiné et inventif dans la disposition des différents plis et ondulations des plissés.
Une nécessaire restauration
Il est dommage que le badigeon gris clair qui recouvre la totalité de la statue lui ait ôté sa polychromie et atténué ses nuances. La statue est couverte d’une couche de saleté qui s’est déposé surtout dans les parties en creux. De plus le badigeon a tendance à s’effriter et à disparaître par endroit.
Ce serait utile d’envisager un traitement de restauration pour cette statue ; des traces de couleur sont encore visibles dans les parties difficiles à atteindre. Lui rendre une esthétique serait profitable car cette oeuvre est vraiment originale et peu mise en valeur dans son apparence actuelle
"Voici la servante du Seigneur" - selon son inscription latine, XVIIIe siècle, est inscrite au titre des Monuments Historiques depuis le 29/06/1974.
Elle devait faire partie d’un groupe avec l’Ange Gabriel. Elle est sculptée en bois mais de manière très discutable elle a été recouverte d’une couche de mixtion de dorure épaisse et trop violente pour une telle oeuvre.
Au niveau de la statue elle-même, il s’agit d’une oeuvre encore baroque dans la monumentalité de ses formes, l’impétuosité des plis de sa robe et tunique. La dorure se patinera au fil des années.
Restauré il y a quelques années ; il a été conçu en cohérence avec le retable du maître-autel. Il est orné des mêmes éléments décoratifs et a dû être réalisé après l’édification de l’église.
Le Baptême du Christ
Au centre, le tableau du Baptême du Christ est une oeuvre dans le gout rocaille avec des protagonistes un peu "artificiels" dans leurs attitudes et leurs draperies chatoyantes très décoratives.
Ainsi le saint Jean-Baptiste n’est pas cet ermite couvert habituellement d’une peau de chameau mais il est représenté d’une manière plus séduisante, le buste presque dénudé et le reste du corps masqué par une draperie verte irisée.
La peinture est de belle facture quoique désignant un atelier provincial et local. Ainsi on peut relever quelques faiblesses dans le dessin au niveau du Christ dont les épaules s’articulent mal avec la tête et le buste présente un modelé peu vigoureux
Le Chemin de Croix date du XIXe siècle : Il est mentionné dans l’inventaire de séparation de l’église et de l’État au numéro 6 : "14 tableaux du Chemin de Croix en terre cuite (Don de Md de Bancenel et sa famille estimé 140 F".
C’est d’ailleurs la plus haute estimation des objets de l’église.
Conçu en terre cuite, l’ensemble des stations sont représentatives d’un type de Chemin de Croix produits dans les années 1830-1850.
Le mécénat y est une longue histoire...
On retrouve à Champagne le principe du mécénat de la famille seigneuriale du village qui se transmet de génération en génération.
Plusieurs objets semblent avoir été réalisés grâce à leur soutien financier.
C'est le cas par exemple de la statue du Sacré Coeur (Christ au centre du retable) qui a été donnée par la famille de Bancenel de même que les 2 statues des deux saints titulaires de l’église et du retable lui-même.
Encore récemment..
Deux opérations de mécénat populaire, avec le soutien de la Fondation du Patrimoine ont permis d'une part de restaurer le retable des Fonts Baptismaux et, d'autre part de changer la cloche qui a nouveau rythme la vie du village.
Un nouveau programme se prépare...
Le toit donne des signes de faiblesse et quelques autres chantiers s'annoncent.
La commune est prête à jouer son rôle. Elle pourrait prochainement s'appuyer sur une association des amis de l'église de Champagne sur Loue...
Affaire à suivre on en reparle bientôt.
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